Déménagement partie 1 : Des tonnes de livres

Déménager ses livres

Notre départ en tour du monde implique nécessairement de vider notre appartement. Cela nous occupe depuis une semaine. Premier grand défi : déménager et trier des centaines de livres et bandes dessinées, en donnant une seconde vie à ceux que nous ne gardons pas.

« Fais du tri » est probablement l’ordre que Pierre déteste le plus au monde. Pourquoi devoir trier ? On ne parle pas des déchets évidemment, mais des objets accumulés, qui sont forcément tous « hyper importants ». Pourquoi ne pas pouvoir garder des documents qui ont compté à un moment donné pour lui ? Des traces de jobs, des petits morceaux d’un instant passé…

Notre déménagement a permis une exploration en profondeur dans notre passé mais aussi d’avancer.

La difficulté de « trier » les livres

Des objets, on en avait des tonnes dans notre appartement. Un logement piégeur car grand, permettant d’entasser des kilos et des kilos de choses qu’il faut « absolument garder ». Et c’est tout particulièrement le cas des livres et des BD. Bien rangés sur leurs étagères ou dans leurs bibliothèques (trois gigantesques bibliothèques !), ils ne prenaient pas de place. Que tu crois ! Déménager ces livres n’a rien d’évident !

Pas besoin de bordel pour se rendre compte assez vite que l’on a accumulé les livres et les bandes dessinées. Nous détestons les jeter, nous adorons lire. Nous en avons achetés beaucoup. Par nos métiers, nous en avons aussi lus beaucoup. Evidemment, malgré ce tour du monde, on a décidé d’en garder un certain nombre.

Ce fut finalement assez facile de faire la sélection. Ceux qui ont une âme, ceux qui nous ont fait grandir, ceux qui ont toujours une utilité, ceux qui nous donnent du plaisir à rouvrir, à croiser, tel un vieux sage qui te regarde du haut de son étagère, les beaux livres, ceux qui sont dédicacés,… Autant de raisons de garder un bouquin. Mais on est assez fier, car on a tout de même réussi à faire la part des choses.

C’est là qu’on a réalisé que ce tour du monde a déjà un pouvoir sur notre perception de la matérialité.

Les rois du « code barre »

Les livres qui n’ont pas eu la chance d’être retenus, on a choisi de ne pas les jeter. Le simple geste de mettre un bouquin dans une poubelle nous fait mal au cœur. C’est une oeuvre, certes dupliquée, certes pas toujours géniale, mais chaque livre porte en lui une part de personnel. C’est une partie de l’auteur et de nous. C’est aussi un rapport à l’objet papier, au toucher si particulier des feuilles, très « vieux jeu » on sait, mais on y tient.

Alors, à l’occasion de notre déménagement, on a opté pour deux solutions, tant pratiques (il aurait fallu un camion entier pour transporter ces livres) que « philanthropiques ».

D’abord, on a découvert que le revendeur préféré des étudiants parisiens, Gibert Jeune (qui a retrouvé son frère Gibert Joseph il y a 2 ans), s’est largement modernisé : désormais, son appli permet de scanner le code barre des livres à domicile et d’indiquer directement leur prix de rachat. Autant dire qu’on est devenu des pros du scan !

Quelques contraintes néanmoins : mettre les bouquins dans un carton n’excédant pas 18 kilos et ne pas dépasser 3 cartons à la fois par personne. Ensuite, imprimer et joindre un bon de commande et un bon de livraison, ainsi qu’une copie de notre pièce d’identité. Enfin, les apporter dans une librairie Gibert Jeune (ou dans un point relais mais, dans ce cas, des frais d’envoi sont retranchés).

Cela nous a pris une bonne demi-journée. Mais on s’en sort avec une coquette somme. Une bonne nouvelle pour notre budget.

La Bouquinerie

Mais le plus gros de nos livres et de nos BD, on l’a donné. De nombreuses associations et ONG à Paris (et probablement partout ailleurs en France), reprennent des livres pour les donner à leurs bénéficiaires ou les vendre à des sommes modiques pour récolter des fonds. On peut même donner des DVD !

C’est le cas d’Emmaüs et de la Bouquinerie d’Oxfam. Par chance, elles ont toutes deux des boutiques à moins de 10 minutes à pied de chez nous. On bourre cinq énormes valises à roulettes (paix à leur âme), on les traine dans la rue et on dépose notre précieuse livraison. Les employés sont heureux de revaloriser ces livres et d’enrichir leurs rayons.

On est ravi en pensant que déménager ces livres leur permettra d’être bientôt parcourus avec passion par de nouveaux lecteurs.

Un livre n’est pas un simple objet

On comprend ceux qui cornent, déchirent, annotent, plient, malmènent leur livre. Mais on préfère le respecter. On aime transporter un bouquin dans notre sac, le balader, l’emmener avec nous, le sortir dans le métro, dans le lit, dans un parc. Certes, l’usure du temps patine les pages et salit la couverture.

Un livre vieillit même si on fait attention à son intégrité. Il vit. Et comme tout être vivant, il se reproduit : le donner, le vendre, le mettre entre de nouvelles mains c’est aussi lui permettre d’ouvrir un regard, d’émouvoir un lecteur neuf, d’en exaspérer un autre.

Peut-être que ce livre, que nous venons de donner dans l’une de ces associations, comme un doudou, deviendra pour quelqu’un le livre de toute une vie. Un enfant le verra, le lira, le sentira pendant des années. Il lui fera penser à ses parents, lui permettra de garder à toujours une trace de sa jeunesse.

Ce livre, qui aura trouvé une nouvelle vie à la faveur de notre tour du monde, fera lui aussi un voyage étonnant.

Côté pratique

  • Si votre carton chez Gibert Jeune fait plus de 18kg, il risque d’être refusé en boutique. Pesez-le sur votre balance avant de l’amener. Ce serait dommage de faire l’aller-retour pour rien !
  • Emmaüs et Oxfam ne prennent pas de livres datés (essais politiques avant un scrutin électoral, dictionnaires, guides de voyage de plus de 2 ans).
  • Déménager des livres vous amène forcément à vous arrêter, les feuilleter, se remémorer de bons souvenirs : prévoyez du temps ! 🙂

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