Agra : Taj Mahal, mangue et citrouille

Le Taj Mahal vu depuis le Fort Rouge

Deuxième étape indienne de notre tour du monde avec la ville d’Agra. Cité mondialement connue car elle abrite le Taj Mahal. Elle regorge aussi de surprises que nous avons pu découvrir… et déguster !

C’est à bord du train Amritsar/Nagpur Express que nous arrivons à Agra. Deux petites heures de trajet passées sur des couchettes transformées en fauteuils. Accueillis par une fresque du Taj Mahal sur le quai de la gare, on croise beaucoup plus de backpackers que dans la capitale indienne.

L’étape est évidemment incontournable. Nous décidons pourtant de ne pas visiter le monument tout de suite. Au grand étonnement du taxi qui nous interpelle sur le parking de la gare : « Qu’est-ce que vous allez faire alors ? »

Le spectacle du Taj Mahal

Eh bien, on va d’abord déposer nos gros sacs à notre hébergement : une auberge de jeunesse avec salle de bain individuelle (grand luxe) et même de l’eau chaude (ce que nous n’avions pas à Delhi). Répertoriée dans aucun guide mais dénichée par Matthieu, elle cache l’une des plus belles vues sur le Taj Mahal. On grimpe directement sur le toit-terrasse où quelques Européens crevés par leur périple ont déjà pris place.

Quel spectacle ! Face à nous, à quelques dizaines mètres, se dresse LE monument. En lévitation au-dessus des petites maisons d’Agra, le Taj Mahal reflète les rayons du soleil sur son marbre immaculé. Dôme blanc étincelant de chaleur en ce milieu d’après-midi entouré de quatre minarets aussi élégants que semblant garder jalousement le trésor de l’Inde.

Le Taj Mahal depuis le rooftop du Joey's Hostel
Le Taj Mahal depuis le rooftop du Joey’s Hostel

Toute la journée, nous allons lui tourner autour, faisant monter en nous l’impatience de le visiter. 

Pantalons blancs. Murailles rouges

Nous partons d’abord en rickshaw pour le Red Fort d’Agra. Nous traversons une ville différente de Delhi. Moins bruyante (ou alors, nous nous sommes habitués aux continuels coups de Klaxon de la circulation) mais tout aussi cosmopolite. On « respire » (notez les guillemets) aussi un peu mieux. Dans la rue, on slalome entre les vaches confortablement installées au milieu de la circulation. Les écoliers en pantalons blancs impeccables rentrent chez eux.

Nous arrivons devant les murailles rouges. Le fort est véritablement somptueux. Il surpasse de loin celui de Delhi. Eclipsé par le Taj Mahal, il renferme pourtant des trésors d’architecture et d’ingéniosité qui lui sont contemporains. Le roi qui avait commandé la construction du Taj fut même enfermé dans cette forteresse par son fils avec pour unique jouissance : pouvoir contempler son œuvre depuis les remparts.

L'entrée du Fort Rouge d'Agra
L’entrée du Fort Rouge d’Agra

Et c’est vrai que même à l’autre bout de la ville, comme ici, nos regards se tournent inévitablement vers le Taj Mahal.

La chance du backpacker

On décide alors de l’admirer de plus près, de l’autre côté de la rivière Yumana. Un faux bon plan consiste à se rendre pile en face, sur le site d’un mausolée en ruine. Entrée payante obligatoire : 300 roupies. Pris par la beauté de la ville, on a mal calculé notre monnaie. Au guichet, ils ne prennent pas la carte bleue. Il n’y a évidemment aucun distributeur à proximité.

Alors que nous allions repartir, on se rend compte qu’il y a une route qui continue vers la rivière. On l’emprunte. On tombe sur un temple bouddhiste. Les moines nous invitent à nous recueillir devant la figure du Bouddha. Puis, nous contournons la petite chapelle pour nous rendre au bord de la Yumana.

Un camp militaire sommaire est installé là, bien gardé par un mirador et un homme en arme. Des touristes italiens sirotent une Kingfisher. Nous avançons. Et voilà le Taj, magnifique, qui domine les eaux au coucher du soleil. Le plus bel endroit d’Agra. Le moins cher du monde.

Le Taj Mahal vu depuis l’autre rive de la Yumana

Les saveurs du lait et de la gourmandise

Pour rentrer, on négocie un prix avec un chauffeur de rickshaw : 100 roupies, ça nous semble correct au vu de la distance. Il refuse jusqu’à ce qu’un de ses collègues nous fasse une proposition étonnante : « C’est 100 roupies, mais je vous fais visiter trois boutiques avant de rentrer. »

L’astuce est simple : à chaque touriste qu’il amène dans un magasin, le chauffeur de rickshaw touche une commission. Ainsi, ce sont les commerçants visités… qui payent une partie de la course. On s’entend avec lui pour ne pas être obligé d’acheter quelque chose et on se met en route. Au final tout le monde s’y retrouve.

Le soir tombe. Des enfants se rafraîchissent dans l’eau de la Yumana. Le soleil illumine un dernier instant le dôme du Taj. L’instant choisi pour déguster (à la plus grande joie de Pierre) la spécialité locale : des bonbons à la citrouille, parfumés à la noix de coco, appelés petha.

On déniche un autre rooftop tenu par un vieux monsieur, à côté de notre hôtel. Seuls sur la terrasse, on lape des lassi (lait fermenté comme du yaourt) à la mangue. Il fait toujours humide. La chaleur peine à retomber. Le Taj Mahal est désormais une ombre à l’horizon. Une ombre aussi légère que cette journée.

Enfin, LE monument

Nous visitons enfin le Taj Mahal le lendemain. On nous disait de venir tôt pour éviter la foule. A 10 heures du matin, on se retrouve toutefois seuls à prendre nos billets. Première surprise : la saison touristique en Inde n’a pas encore totalement démarré.

On s’élance alors sous l’immense porte rouge qui cache le Taj. Encore sous ses arches, on est déjà ébloui. Le lumière aveuglante du marbre participe à conserver la surprise jusqu’au bout. Et puis, nos yeux s’habituent. Et on le voit. En vrai.

Le Taj Mahal vu depuis les jardins
Le Taj Mahal vu depuis les jardins

Le Taj Mahal pourrait être un sujet du bac de philo à lui tout seul : qu’est-ce que le beau ? Peut-être ce sentiment d’être dans la plénitude : harmonie des courbes et des couleurs domptées par l’homme et intégrées dans un environnement pour le sublimer. Le secret de beauté du Taj tient probablement dans cet équilibre. Et même entouré de quelques centaines de visiteurs ce mardi matin, on se sent privilégié comme si on était les premiers à découvrir le monument.

Le soir, nous regagnons notre auberge. Avant de nous coucher, nous lançons un dernier regard vers la masse vaporeuse d’un des plus beaux monuments que nous ayons eu la chance d’admirer.

Nos coups de cœur

Dormir. L’accueil, l’ambiance, les tarifs très abordables et le roof-top avec vue plongeante sur le Taj Mahal, le Joey’s Hostel d’Agra est parfait pour séjourner à Agra. N’oubliez pas d’acheter vos bières à l’épicerie voisine : l’hôtel les accepte mais n’en vend pas.
Joey’s Hostel Agra, 3/142 Chowk Kagziyan, Tajganj

Respirer. Le « baby Taj » est le surnom flatteur du mausolée d’Itimâd-ud-Daulâ. Situé à l’extérieur du centre-ville, au coeur d’un jardin verdoyant et au bord de la Yumana, c’est un coin de fraicheur et de beauté. Le mausolée est en grés (et non pas en marbre, comme son grand frère le Taj Mahal) et ses proportions modestes lui donnent une physionomie émouvante.
Mausolée d’Itimâd-ud-Daulâ, Moti Bagh.

Le "baby Taj" en fin d'après-midi
Le « baby Taj » en fin d’après-midi

Manger. Les pethas, ces bonbons à base de citrouille, typiques d’Agra, se déclinent en plusieurs parfums : noix de coco, chocolat, rose, etc. Plusieurs boutiques en proposent. Nous vous conseillons celle située face à l’hôtel Shahjahan. Elle ne paye pas de mine. Mais le patron vous fera gouter tous les parfums pour vous faire une idée.
Boutique de pethas, TajMahal South Gate, Kinari Bazar, Kaserat Bazar, Tajganj, Agra 282001

Le bémol. Ecrasés par les monuments, nous avons assez peu l’occasion d’appréhender la réalité de la ville. Elle reste essentiellement tournée vers un tourisme de flux. Ce qui a également pour conséquence de freiner les échanges directs avec ses habitants.

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