Kuta : L’Occident à Bali

Biarritz en Indonésie

Premiers pas posés sur le sol indonésien, nous atteignons rapidement la cité balnéaire de Kuta, au Sud de l’île de Bali. Une étape d’adaptation, croyait-on, qui s’est finalement révélée être un retour vers la culture occidentale… à la sauce australienne.

Imaginez Biarritz où les rues seraient une simple succession de bars, de restaurants, de salons de massage et de tatoueurs. On garde les boutiques Quicksilver et Rip Curl, les vagues et les larges plages de sable blanc. On mixe tout ça dans un anglais bruyant à l’accent australien et on obtient Kuta.

Certes, on nous avait prévenu avant de débarquer à Bali : Kuta est loin d’être la destination enchanteresse que promet d’être l’île. Pourtant, nos premières impressions sont plutôt bonnes. Le calme des rues où l’on ne klaxonne pas malgré la circulation. La décontraction des gens, Indonésiens, touristes asiatiques ou voyageurs occidentaux. Des terrasses où femmes et hommes partagent des pintes de bière…

Un choc salvateur

On ne dit pas que c’est raffiné, soigné. Si on prend un peu de recul, c’est même un peu vulgaire. Mais, encore une fois, il faut se mettre dans notre état d’esprit : on ressort de la lessiveuse indienne. Deux mois et demi dans un autre univers. Et retrouver des rituels très occidentaux comme fumer une clope dans la rue ou se mettre torse nu sur la plage, c’est presque un choc salvateur.

Kuta, paradis du tatouage…

Alors on se pose et on regarde l’horizon. Où sommes-nous ? Déjà loin de l’Inde et pourtant à quelques heures d’avion. Une escale à Kuala Lumpur. Pierre n’a pas dormi de tout le trajet. Matthieu a réussi à se reposer. Qui y a-t-il derrière cette ligne qui sépare l’Océan du ciel ? D’ailleurs, est-ce une mer, une baie qui se déploie devant nous ? Quelque chose a changé. Quelque chose de différent. Le climat est plus sec. Chaud. On respire mieux.

Nous sommes juste sous l’Équateur. Première étape dans l’hémisphère Sud. Est-ce que c’est ça qui nous met la tête à l’envers ? C’est plutôt le dépaysement total, le choc des civilisations. Et c’est pile ce qu’on recherchait dans notre tour du monde. Une poussée d’adrénaline monte en nous. C’est au bord de la mer de Java que l’on démarre véritablement notre tour de la planète !

La quête de la SIM

Bon, fini de rêvasser (même si ça fait du bien), on a quelques sujets d’intendance à régler. D’abord, acheter une carte SIM. Il y avait bien des stands d’opérateurs téléphoniques à l’aéroport, avec des hôtesses charmantes qui faisaient office d’affiches publicitaires vivantes. Mais rompus au voyage, on était persuadé que nous allions trouver des bureaux du SFR local en ville. Visiblement, nous avons été trop présomptueux…

D’abord, seuls les vendeurs de babioles touristiques proposent des cartes SIM aux étrangers. Prix pas forcément moins chers que dans les boutiques des opérateurs traditionnels. Et on apprend grâce à des blogs de backpackers que ces revendeurs sont rarement honnêtes. En fait, ils se passent des formalités, ne vous demandent pas votre passeport et donc… n’enregistrent pas officiellement la ligne auprès de l’opérateur.

Résultat : on paie plein pot pour un forfait qui peut se retrouver désactivé 48 heures plus tard. Le revendeur s’en fiche : dans l’intervalle de temps, le touriste est souvent déjà parti vers une autre étape de son voyage.

Temple et fils électriques

C’est ainsi que l’on a voulu mettre toutes les chances de notre côté et que nous nous retrouvons dans un centre commercial à la sortie de Kuta. Ça tombe bien, on voulait en visiter un. D’ailleurs, il faut qu’on change nos shorts en jean, usés jusqu’à la corde par nos pérégrinations indiennes.

Doudounes sous l’Equateur

On trouve d’abord la boutique de l’opérateur national Telkomsel. Matthieu choisit le forfait, indispensable pour un tas de raisons pratiques : horaires des transports en commun, réservations d’hébergements, etc. On fait confiance à la jeune vendeuse qui jouit de la réputation de l’enseigne, l’équivalent d’Orange en Indonésie. On paie en cash. Bon, pourquoi pas. Après tout, nous sommes habitués à ne plus sortir la carte bleue tout le temps, même dans des organismes « officiels ».

Et puis on part à la recherche de nos fameux shorts. On passe devant un H&M (un autre petit bout d’Occident). L’enseigne propose des doudounes et de gros pulls en laine… alors que la température moyenne à Bali est de 26° toute l’année ! Les Indonésiens sont peut-être frileux 😉 Néanmoins, ces parkas nous font penser à l’Europe. Le vieux continent s’apprête, lui, à passer en hiver, le vrai. Noël approche aussi. Et nous, en cette fin octobre, qui cherchons désespérément des shorts neufs !

Finalement, on n’en trouve pas. Trop « fités » probablement par notre régime de tour du monde (ou trop exigeants), on se résigne à garder encore quelques jours nos vieilles fripes qui partent en guenille. Un dernier regard sur le téléphone de Matthieu avant de partir, histoire de vérifier si le forfait fonctionne correctement. Il ne devrait pas y avoir trop de problème. On est quand même à Bali, c’est plus moderne que l’Inde !

Autre occupation préférée des Australiens : les massages

Eh bien on a bien fait de vérifier… Nous avons un crédit dix fois inférieur à celui pour lequel nous venons de signer ! On retourne voir la jeune vendeuse qui reconnaît son erreur et s’excuse platement. Elle nous change au plus vite le forfait. Cette fois, tout est OK. Mais vous vous doutez que si l’on vous raconte cette histoire en détails, c’est que cette affaire de carte SIM va trouver un rebondissement dans un prochain article…

Drag-challenge

La nuit est déjà tombée. Les Australiens qui partagent ce bout du monde avec nous sont déjà assez pompettes. Oublions un instant la comparaison avec Biarritz : Kuta, dès le milieu de l’après-midi, se transforme en Barcelone (le charme en moins). Les Aussies prennent la place des Anglais. Mais au petit jeu de l’ivresse précoce, les deux peuples retrouvent leurs racines communes. Des groupes de mecs et des bandes de filles titubent dans les rues. Les bars ouverts sur la ville augmentent le volume de leur baffles. On est pris dans l’ambiance. Alors on repère un endroit où sortir après dîner.

Nous dénichons le Mixwell. L’endroit est fréquenté et il est connu pour ses représentations de drag queen. Là encore, quel choc après l’Inde ! On y retrouve surtout des Australiennes quadragénaires venues se défouler loin de chez elles. La bière coule à flot. Pour nous, les vodkas tonic s’enchaînent. La soirée ne fait que débuter… Elle s’accélère quand le premier show commence : un drag, sous les traits de Katy Perry, reprend « Swish Swish » presque aussi bien que la vraie. Elle est décidément très loin la musique bollywoodienne (et tant mieux) !

On ne sait plus combien de verres on a bu. On sait simplement qu’on a dansé pour la première fois depuis plus de 2 mois et demi. Finalement, cette soirée nous coûta (on évite le jeu de mots) pas mal de rupiahs. Mais là encore : ça fait du bien.

On ne sait trop quel souvenir ramener…

Les heures heureuses à la mode australienne

Le lendemain fut plus compliqué à aborder. Quel jour sommes-nous ? Où sommes-nous ? Ah oui… On se lève tant bien que mal. Plutôt bien pour Matthieu. Plutôt mal pour Pierre. Ce qui lui a permis de tester un plat plutôt sympa au réveil : le sweet bowl. Un mélange de graines, de céréales, de yaourt, de fruits frais, de fruits secs, de copeaux de noix de coco et de sauce au fruit. C’est « healthy », certes… Mais rien ne remplace un bon Doliprane pour le mal de crâne !

Que faire en cette deuxième demi-journée à Kuta ? Se faire masser ? Se faire tatouer ? Apprendre le surf ? Boire des coups ? On se rend vite compte qu’aucune de ces options ne nous permettra de prendre le pouls de Bali. Nous sommes en fait dans un parc d’attraction. Tout est fait pour les Australiens qui viennent s’encanailler ici comme les Français partent sur la Costa Del Sol.

Les restos sont plutôt jolis, ambiance tiki. On sert des côtes de bœuf à la chaîne. Mais où sont les Indonésiens ? On les croise derrière leur comptoir de supérette ou leur chariot de street-food. Mais où vivent-ils ? Moins de 24h nous ont été utiles pour être vaccinés de ce Disneyland à touristes qui viennent picoler du matin au soir à moindre frais. D’ailleurs, les bars proposent généralement deux sessions d’happy hours par jour (entre midi et deux et en fin d’après-midi). Certains vont même plus loin et inventent l’happy hour non-stop toute la journée ! De quoi passer de belles heures heureuses.

L’antichambre de l’Indonésie

Du coup, on ne regrette pas de ne pas avoir mis l’Australie sur notre parcours (désolé Jason) : Kuta nous permet de faire d’une pierre deux coups ! On profite donc de cet après-midi à la richesse culturelle aussi vide qu’un épisode des « Anges de la télé-réalité » pour réfléchir à la suite de notre parcours. On s’aperçoit vite qu’il n’est en fait pas si évident de se déplacer à Bali. Il n’y a ni train, ni bus !

La seule possibilité est de prendre un taxi collectif. Ça nous convient parfaitement. Mais il va falloir pour cela intervertir nos deux prochaines étapes. Au lieu de partir directement pour la capitale culturelle, Ubud, où nous devrions toucher, enfin, le cœur et l’âme balinais, on poursuivra notre acclimatation sur les plages des îles Gili (nous vous en parlerons dans notre prochain article).

Mais Kuta, c’est aussi cette vue magnifique

Réservation faite pour le lendemain, on profite de notre dernière soirée en Australie… pardon, à Kuta. On déniche un bon resto de poissons et de fruits de mer situé dans un recoin qui sert à la fois de marché et de gare routière. Matthieu teste son premier produit indonésien depuis notre arrivée : des cigarettes kretek au clou de girofle. L’odeur embaume les rues de la cité balnéaire. Elles craquettent quand on tire sur le filtre. Pierre, qui ne fume pas, arrive à leur trouver un certain charme. Matthieu se sent déjà un peu chez lui.

Et puis on goûte à la bière nationale achetée dans une épicerie : la Bintang, meilleure que la Kingfisher indienne dont on a fini par se lasser. La soirée passe vite, au son de la house européenne et de la techno australienne. Kuta, antichambre de l’Indonésie. Vite, ouvrons la porte de ce pays !

Nos coups de cœur

Boire. Bon plan : sur la plage (gratuite), entre les bars chics, on peut trouver des stands plus modestes qui proposent des boissons alcoolisées ou non à des prix raisonnables. Des chaises, des poufs et des tables sont disposés à même le sable. Et on profite aussi bien du coucher du soleil !

3 commentaires sur “Kuta : L’Occident à Bali

  1. J’ai passé 6 mois en Australie et Nouvelle Zélande et je n’ai pas le même ressenti que vous à Kuta ! Il n’y a pas que la Golden coast ! Tasmanie, Melbourne, South Australia, Blue mountains, Cairns…. Kangourous Koalas, diables…. C’est un peu comme si vous passiez quelques heures à Ibiza et que vous en tiriez des conclusions sur l’Europe du nord !
    Même si je reconnais que les anglo saxons ont une facheuse tendance à massacrer les territoires qu’ils ont investi.
    Une autre fois peut être ?
    Sinon vos récits et photos sont toujours aussi interessants. Bravo
    Hervé

    1. Ahah. Ce n’est là qu’une petite pique gratuite à nos amis partis vivre quelques mois (et parfois plus) en Australie et qui en reviennent tous ravis par ce pays 😉 Et, si nous n’avions pas le temps cette fois-ci de nous y rendre, nous serons heureux de le faire dans quelques années 😊

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