Le Tour de France avant le tour du monde

« Ouf ! » Le déménagement est enfin terminé. Après quinze jours de cartons, de rangement et de tri, une nouvelle période s’ouvre : le tour de France de la famille. Un mois pour profiter de nos proches avant le grand départ. Un tour de France qui a croisé la route de l’autre Tour de France.

Madeleine de Proust

La première étape de notre Grande Boucle familiale a commencé le 14 juillet avec notre arrivée à Lourdes. Le père de Pierre est venu nous chercher du côté de Chartres. A bord de son van, on en a profité pour emporter des cartons : 800 kilomètres (sans casse) !

Et c’est encore à bord de ce combi nouvelle génération que nous avons grimpé l’une des 1ères grosses difficultés du Tour de France cycliste qui faisait étape dans les Pyrénées en même temps que nous. Pierre adore aller voir le Tour de France. Sorte de madeleine de Proust, il a rarement raté une édition. D’autant que les Pyrénées sont un terrain privilégié pour voir passer les athlètes.

C’était l’occasion ou jamais (en tout cas, pas avant 1 an) d’amener Matthieu voir le Tour de France sur les pentes pyrénéennes.

Un avant-goût

Trois jours après notre arrivée à Lourdes, départ pour la Hourquette d’Ancizan. Un col très peu connu du grand public, mais pas des camping-caristes.

Incroyable défilé de caravanes de Payolle jusqu’à quelques mètres du sommet. Souvent des têtes blanches au volant. Beaucoup de couples de retraités déjà installés 2/3 jours avant le passage du Tour. Bien installés même : la table de pique-nique déjà dressée, les sièges dépliés et l’anisette versée.

Le Tour de France, c’est aussi ce folklore. Cette douceur de vivre. Une ambiance « congés payés » ou Trente Glorieuses. Une atmosphère baby-boomeuse et nous, au milieu, qui essayons de nous frayer un chemin pour trouver une emplacement entre deux camping-cars pour garer le van et dresser notre tente.

Petit avant-goût de notre périple autour de la planète, nous nous retrouvons « seuls au monde » face à la majesté des Pyrénées où gronde déjà l’orage venu d’Espagne.

Communauté éphémère

Connaisseur de la montagne, Gérard, le père de Pierre, avait tout prévu : il s’est fabriqué un véritable barbecue portatif avec grille et réchaud incorporé. Le dîner (ou « souper » dans le Sud-Ouest) est comme à la maison : apéro, côtelettes, pâtes à la bolonaise, fromage, dessert, café. Si ce ne sont le vent et l’humidité, on aurait pu se dire que vivre dans la montagne n’est pas si compliqué.

Mais la nuit tombe vite sur les cimes. Quelques rumeurs de musique nous donne envie de nous dégourdir les jambes. On remonte les quelques dizaines de mètres qui nous séparent du sommet et nous croisons une bande de jeunes (espèce rare dans cette « silver mountain ») qui venaient d’installer un vrai bar en plein air : trois combi, une grande tente, une sono qui diffuse de la musique chill, des bouteilles sur la table et des verres qui s’entrechoquent. C’est festif. On croise forcément des regards un peu interrogateurs autour de nous. Mais personne ne viendra pour demander de baisser le son.

Nous sommes à 1500 mètres d’altitude. La musique résonne. Des centaines de personnes viennent d’établir un campement provisoire. C’est une vraie petite communauté éphémère avec même la gendarmerie qui passe de temps en temps voir si tout se passe bien et assurer un passage pour les coureurs. Un père et son enfant tirent des feux d’artifice (avec plus ou moins de réussite) au niveau du col.

Les bombes résonnent dans toute la vallée. Inimaginable en temps normal : nous sommes vraiment dans un endroit unique, isolé, intemporel, charmant.

Sous la tente

De retour sous notre tente, il est minuit. On s’engouffre dans notre sac de couchage. Nuit un peu humide pour Matthieu. Réveil pluvieux. Il est 10h. Contrairement à nos autres expériences de camping sauvage, nous ne sommes pas réveillés par la chaleur du matin. Nous n’y voyons pas à 10 mètres. Gérard est parti faire une « petite » balade matinale. Petit-déj avec Matthieu. La musique a résonné toute la nuit. Les cloches des vaches aussi. Espérons que les clubbers des sommets auront le courage de se lever pour voir passer les coureurs.

La suite de l’histoire, vous l’avez vue à la télé : installés pile sur la ligne de sommet du col, le peloton a succédé à la traditionnelle caravane publicitaire (t-shirt à pois rouges des centres Leclerc, pare-soleil Fédération des poissons, bonbons Haribo et Dépêche du Midi qui servira à protéger les cyclistes dans leur descente…).

Quelques secondes pour voir passer les athlètes et plusieurs heures pour redescendre. Finalement, le Tour de France, comme le tour du monde, c’est beaucoup de préparatifs, un moment unique puis une lente descente.

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