
À chaque nouveau pays de notre tour du monde, nous confrontons nos regards. La première impression est-elle la bonne ? Démontrons le contraire ou confirmons la règle. Septième étape : nos premiers pas dans la République socialiste du Viêt Nam (autrement dit : nos premiers pas au Vietnam).
[Récit de notre passage de frontière entre le Cambodge et le Vietnam le 26 février 2020]
Et ça recommence ! (par Pierre)
Comme on le dit en introduction de cet article, on peut démontrer que la première impression à l’arrivée dans un pays n’est pas toujours la bonne. Je l’espère sincèrement en ce qui concerne nos premiers pas au Vietnam…
Je ne parle pas de la prise de température et du masque que l’on doit porter au poste frontière ; ni même du dollar obligatoire versé au policier qui contrôle si nous n’avons pas de symptôme liés au coronavirus. Je ne parle pas non plus du formulaire que nous devons remplir attestant sur l’honneur que n’avons pas été en contact avec des animaux morts ou une personne malade ces derniers jours… Tout cela est normal. Surtout quand on arrive dans un pays au système de santé moins performant qu’en France.
C’est plutôt la suite de l’histoire qui refroidit nos espoirs. Comme à notre arrivée au Cambodge, un bus doit venir nous prendre en charge de l’autre côté de la frontière. Une fois nos passeports dûment tamponnés, nous attendons donc à un café que le véhicule veuille bien nous accueillir à bord.
Souvenez-vous de l’épisode cambodgien : les mini-vans complets, nos billets qui n’étaient pas valables (soi-disant) et finalement une âme charitable qui nous conduisit à destination… Cette fois-ci, le chauffeur est bien à l’heure : on se précipite quand même vers lui afin de ne pas être pris au dépourvu et laissés une fois encore sur le bord de la route.
Tout va bien jusqu’à ce que le type décide de s’arrêter… devant une agence de voyage ! On avait payé pour être déposés à la gare routière de Hà Tiên (ex-Pontomeas) : incompréhension de la part des passagers. On commence à hausser le ton. D’abord Matthieu, puis moi, puis un autre Français de notre âge faisant le voyage avec sa copine. On s’est d’ailleurs vite entendu avec ce couple qui n’avait pas l’intention de se laisser faire lui non plus.

Le chauffeur commence à jeter littéralement nos sacs par terre car nous refusions de les descendre du mini-bus alors que nous lui expliquions avec insistance que nos billets indiquaient bien la gare routière et non pas une agence de voyage de banlieue. Notre compatriote en est presque venu aux mains.
Mais rien n’y a fait : le chauffeur a fermé son véhicule à clé après avoir balancé les derniers bagages au sol et s’est barré. Il ne faut jamais hausser le ton en Asie, on le sait : toute discussion est par la suite impossible. Les autres touristes sont restés plus sages mais ont payé une blinde – sans comprendre ce qu’il se passait – pour rejoindre le delta du Mékong.
Le couple de trentenaires et nous sommes partis à pied sous le cagnard vietnamien, deux kilomètres durant, pour rejoindre la gare routière où nous retrouvions un semblant d’honnêteté. Allez, on se calme et on y va ! Destination : Can Tho.
Frontière médicale (par Matthieu)
Le coronavirus devient un problème sérieux. En cette fin février, alors que nous franchissons à pied la frontière entre le Cambodge et le Vietnam, c’est la première remarque que je me fais. Devant nous, des policiers aux visages protégés et à l’attitude un brin tendue. Ils nous remettent des masques chirurgicaux et nous orientent vers un premier check-point… d’ordre médical.
Avant nos passeports et nos visas, c’est notre température qui leur importe. 37,5. C’est bon. On nous tend un questionnaire en anglais. Avez-vous eu de la fièvre ces derniers jours ? Non. De la toux ? Non. Des courbatures ? Non. Avez-vous été en contact avec une personne malade ces deux dernières semaines ? Non. Avez-vous fréquenté des élevages ou des marchés à animaux ? Non. Nous signons en bas de la page en nous engageant à la véracité des réponses. Nous recevons en échange une attestation de “bonne santé” à conserver pour la suite de notre voyage.
La pression retombe lorsque nous faisons nos premiers pas au Vietnam. Nous patientons dans une gargote, juste de l’autre côté de la barrière rouge et blanche, aux côtés d’une dizaine d’autres voyageurs. Les masques tombent, les clopes s’allument, on boit de l’eau car la chaleur cogne. Un minibus arrive : il assure la liaison avec Ha Tien, la ville la plus proche, d’où chacun prendra ensuite un nouveau moyen de transports pour rejoindre sa destination.

On se serre à l’intérieur. Il démarre. C’est là qu’on se dit que cette entrée au Vietnam est trop simple. Il manque une complication, une arnaque, un “hic”, un “couac”. Le chauffeur s’en charge. Au lieu de nous déposer à la gare routière ou au port – la moitié des passagers veut prendre un bateau pour l’île de Phu Quoc – l’homme nous arrête dans une rue déserte, devant un restaurant… tenu par sa femme. Et il nous lance d’un ton sec ce qui s’apparenterait chez nous à un : “Terminus, tout le monde descend.”
L’arnaque est classique : son épouse propose de nous vendre les tickets de bus pour la suite de notre trajet, d’organiser le pick-up directement devant son resto et, tant qu’à faire, de déjeuner en attendant le départ. Le tout en prenant une commission sur les tickets et en appliquant des prix excessifs sur les plats. De quoi assurer à la famille un joli pourboire. La moitié des voyageurs va docilement s’asseoir, après tout il fait chaud et il fait faim. L’autre moitié s’offusque, conteste, puis se résigne à son tour.
Ne restent qu’un couple de Français aussi râleurs que nous. On jette tous les quatre un œil sur la carte, la gare routière est à 2km, autant la rejoindre à pied. Le terminal de bus atteint, on repère vite celui pour Can Thô, notre étape du soir. On réserve nos deux places et on va déjeuner, cette fois avec la satisfaction de payer le “juste” prix. On réussit même à changer nos dollars en dong à un taux avantageux. Il n’y a pas de petites économies en tour du monde.
C’est déjà l’heure de reprendre la route. “Mettez votre masque”, nous indique la conductrice au moment de monter. Il vient d’être rendu obligatoire dans les transports au Vietnam, le temps que l’épidémie recule. Un mal temporaire pour un bien, pense-t-on. On ne se doute pas que l’OMS décrètera quinze jours plus tard l’état de pandémie. Et que ce masque, qu’on pensait éphémère, ne nous quittera plus du reste de notre tour du monde.
Good start !! :o(
L’expérience paye !!! Mais les premieres impressions ne sont pas les bonnes….pour une fois ..