
Nous les avons rencontrés lors de notre tour du monde ou de précédents voyages. Ils sont désormais confrontés à la pandémie de coronavirus aux quatre coins de la planète. Nous leur avons demandé des nouvelles et de nous expliquer quelle est la situation dans le pays où ils se trouvent. De Raj en Inde à Carla et Antoine en Nouvelle-Zélande, en passant par Nang au Laos, Nemanja au Monténégro, Aude aux États-Unis, Frédéric au Mexique, Huy au Vietnam et Sony en Indonésie : on fait le tour du monde des confinés !
Sommaire :
– Raj, Inde
– Carla et Antoine, Nouvelle-Zélande
– Nang, Laos
– Nemanja, Monténégro
– Aude, États-Unis
– Huy, Vietnam
– Frédéric, Mexique
– Sony, Indonésie
Raj, Inde : « Si cela dure, les plus pauvres auront du mal à survivre »
Population : 1.296.834.042 habitants
Bilan au 14 avril : 10.815 malades, 353 décès

« Je suis actuellement à Pondichéry, au Sud-Est de l’Inde. Ici, le confinement a été mis en place progressivement à partir du 15 mars. Il concerne tout le pays depuis le 25 mars. Et le Premier ministre vient d’annoncer qu’il se prolongera au moins jusqu’au 3 mai.
J’ai la chance d’être en famille. Je profite donc de ces journées pour passer du temps avec mes proches, en particulier ma nièce qui vient juste de naître. Le reste du temps, je cuisine, je vais sur les réseaux sociaux… J’essaye aussi de sensibiliser mon entourage sur l’importance de respecter les consignes. Surtout, je discute longuement sur WhatsApp avec mes amis qui n’ont pas le moral et qu’il est important de réconforter.
Comme tout le monde, j’ai hâte que la vie reprenne normalement, de retourner au travail, de revoir mes amis et de pouvoir flâner avec insouciance sur la plage. Sauf qu’on n’a aucune idée de quand la situation s’arrangera. Dans ma ville, le nombre de malades augmente chaque jour. Au-delà des malades, beaucoup de personnes sont en difficulté car elles n’ont plus de revenus. Le Gouvernement a mis en place une aide de 2.000 roupies (24€) pour les plus pauvres. Mais si cela dure, ça ne sera pas suffisant. Ils auront du mal à survivre. Cette crise sociale qui couve est particulièrement inquiétante.
L’autre grand problème, c’est la souffrance psychologique. C’est mon domaine professionnel. Or, depuis le début du confinement, je constate que celles et ceux qui étaient en proie à des addictions comme l’alcool ou qui étaient en dépression se retrouvent livrés à eux-mêmes. Les médecins, les infirmiers et les travailleurs sociaux font un travail exceptionnel pour y remédier. Les policiers, les aides à domicile ou encore les femmes de ménage apportent aussi leur aide. Mais on peine quand même à maintenir le suivi médical et, dans bien des cas, il y a une rupture de soin. J’essaye d’apporter comme je peux ma contribution en réalisant du conseil psychologique en ligne. Mais, là encore, il ne faut pas que le confinement dure longtemps. Sinon nous aurons une autre crise à gérer. »
Carla et Antoine, Nouvelle-Zélande : « On ne veut pas renoncer à la suite du voyage »
Population : 4.886.000 habitants
Bilan au 14 avril : 1.072 malades, 9 décès

« Nous sommes actuellement à Rotorua, en Nouvelle-Zélande. On est arrivé dans le pays mi-mars, dans le cadre de notre tour du monde. Le Gouvernement venait tout juste d’instaurer la quarantaine pour les étrangers de passage. Pendant quinze jours, nous n’avons donc pas eu le droit de visiter. On a dû rester à distance des habitants, jusqu’à nous faire livrer les courses. Et puis au moment où on pensait voir la fin du tunnel, la Nouvelle-Zélande a instauré le confinement de toute la population ! Il est entré en vigueur le 25 mars et doit normalement durer quatre semaines.
Heureusement, on a réussi à s’organiser avec un autre couple de tourdumondistes pour louer une maison ensemble. Ça permet de réduire un peu les dépenses. Nos journées alternent entre cuisine, tri de nos photos de voyage, Netflix et sport.
Ce qui nous préoccupe le plus, c’est de ne pas savoir ce qu’il va se passer dans les semaines à venir. On ne veut pas rentrer en France et renoncer à la suite de notre voyage. Et ce qui nous manque le plus, c’est notre liberté ! Mais on prend notre mal en patience et on croise les doigts pour que la crise se termine vite… On ira alors se manger un énorme repas bien gras pour fêter ça et on louera un van pour enfin visiter la Nouvelle-Zélande ! »
Nang, Laos : « Je suis confinée avec la moitié de mon équipe »
Population : 7.062.000 d’habitants
Bilan au 14 avril : 19 malades, aucun décès

« Je suis à Paksé, au Sud du Laos. Je suis confinée depuis le 1er avril dans notre ancienne maison familiale que nous avons transformée il y a quelques années en hôtel. Evidemment, il n’y a plus aucun client, mais je ne suis pas toute seule pour autant : j’héberge la moitié de mon équipe pendant cette période compliquée. On vit donc à une demi-douzaine, cantonnés dans notre grande maison. Normalement, le confinement devrait durer jusqu’au 19 avril.
D’ici là, je passe mes journées à lire. Je me suis même mise à reproduire des recettes de cuisine que je trouve sur YouTube ! Il y a un début à tout. J’écoute aussi beaucoup les infos de Vientiane, la capitale, pour suivre l’évolution de la maladie. Mais toute ma famille est en France. Elle me manque terriblement. J’ai maintenant hâte de pouvoir la rejoindre… dès que la situation sera revenue à la normale. »
Nemanja, Monténégro : « Avec mes colocs, on tâche de positiver ! »
Population : 631.219 habitants
Bilan au 14 avril : 278 malades, 2 décès

« Je suis coincé à Podgorica, la capitale du Monténégro, loin de ma famille qui vit dans ma ville natale de Bar. Heureusement, j’ai deux amis et un lapin comme colocataires ! Le Monténégro a été l’un des derniers pays au monde à être touché par le COVID-19. Le premier cas est apparu mi-mars. Mais notre Gouvernement n’a pas été pour autant le dernier à réagir. Une semaine après le premier malade, le 23 mars, nous étions tous confinés !
Comme d’habitude au Monténégro, on ne sait rien à l’avance : la quarantaine peut durer un mois comme elle peut se poursuivre jusqu’à la fin des temps… Et puis notre peuple est connu pour être assez paresseux, alors rester à la maison, on risque vite d’y prendre goût (rires) ! En attendant, j’en profite pour faire du yoga et lire des livres – ma nouvelle passion, ce sont les livres de psychologie. J’essaye d’apprendre tout ce que je n’aurais pas eu le temps d’apprendre en temps normal.
Évidemment, ma famille et mes proches me manquent. J’ai hâte de les revoir, de pouvoir les embrasser et les serrer dans mes bras. J’ai aussi très envie de revoir la mer. Et tout simplement de me sentir libre de choisir où je vais et ce que je fais de mes journées. Mais avec mes colocs, chaque fois qu’on a un petit coup de blues, on tâche de positiver : on s’organise des fêtes à trois, on se saoule et on bouge nos corps au rythme de la musique sans penser au reste. Je recommande d’ailleurs à tous les confinés de danser un bon coup, ça fait du bien !
Si j’ai le moral, il y a en revanche une chose qui m’énerve beaucoup en ce moment : voir certaines personnes agir avec égoïsme en ne respectant pas les règles de confinement. Qu’on ne soit pas malade, ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas contaminer les autres. Alors restons à la maison. Franchement, ce n’est pas si difficile. »
Aude, États-Unis : « Le temps que je ne passe pas dans les bouchons, je le passe à cuisiner ! »
Population : 328.239.523 d’habitants
Bilan au 14 avril : 587.357 malades, 23.649 décès

« Je suis à San Diego, avec mon mari, Jesse. Le confinement a commencé en Californie le 12 mars. Nous n’avons aucune idée de quand il se terminera. Fin avril ? Mi-mai ? Si les choses s’améliorent d’ici là… En temps normal, je suis étudiante en école d’avocat et je fais un stage. Pendant le confinement, mes cours et mon stage se poursuivent en ligne. Et le temps que je ne passe pas dans les bouchons ou ailleurs, je le passe à cuisiner et à discuter avec ma famille qui vit dans le Sud-Ouest !
La santé et le bien-être de mes proches, ici et en France, c’est ma première préoccupation. Quand à ce qui me manque le plus en ce moment… assurément refaire le monde et siroter un cocktail (ou deux) sur la plage avec Pierre et Matthieu (rires) ! Je ne sais pas quel jour et à quelle heure interviendra le déconfinement, mais je commencerai par une épilation des sourcils ou un repas en famille ou avec des amis. Peut-être même les deux, mais dans cet ordre (rires) ! »
Huy, Vietnam : « Je suis inquiet pour le devenir de mes élèves »
Population : 95.540.000 habitants
Bilan au 14 avril : 262 malades, aucun décès

« Je suis à Hanoi, avec ma mère et mon frère. Le pays n’est pas confiné, mais en distanciation sociale ou isolement social, selon la façon dont on le traduit. Disons que c’est un semi-confinement, puisqu’on doit limiter au maximum nos sorties et se tenir le plus loin possible des autres. Cette mesure est entrée en vigueur le 1er avril et est censée se terminer le 15 avril. Elle risque toutefois d’être prolongée.
Pour le moment, je poursuis mon travail de professeur de lycée, mais en donnant les cours en ligne à mes élèves. Les heures d’enseignement sont moindres, mais ça me prend beaucoup plus de temps à préparer qu’un cours normal. Le reste de la journée, j’essaie de lire et de faire un peu d’exercices. Je ne suis sorti qu’une fois en quinze jours, pour aller faire des courses pour ma mère. Je dors et mange plus que d’habitude, mais j’ai l’impression que je ne suis pas le seul (rires).
Ce qui est ennuyeux, c’est que nous n’avons pas de vision claire de la fin de la distanciation sociale et de la pandémie en générale. À Hanoï, on a l’habitude de vivre et de manger dans la rue, où la gastronomie est riche et variée. Quand pourrons-nous le faire à nouveau ? Et au niveau mondial, les échanges doivent continuer à avoir lieu. Quand les frontières rouvriront-elles ? Je suis également inquiet pour le devenir des mes élèves qui sont en Terminale cette année. Passeront-ils le bac ou non ? Sous quelle forme ? Et comment cela va-t-il se passer pour ceux d’entre eux qui sont déjà admis dans des universités étrangères, dont françaises, à la rentrée prochaine ? Pourront-ils s’y rendre ?
Vivement le retour à la normale. Pour tout le monde. En ce qui me concerne, je crois que je sortirai tout simplement prendre un café avec des amis. Car rien de mieux que les retrouvailles sur le trottoir d’un café à Hanoï. »
Frédéric, Mexique : « Dans la fête et dans le confinement, Oaxaca est devenue ma deuxième patrie »
Population : 126.200.000 habitants
Bilan au 14 avril : 5.014 cas et 332 décès

« Le hasard a voulu que lorsque le confinement a été décrété en Europe, je me trouvais à Oaxaca, au Mexique pour fêter mes 53 ans à l’invitation de mon compagnon. Christian m’a demandé de rester. Mon activité me le permettait. Que pouvais-je faire de plus à Paris ? Ainsi a commencé un épisode de ma vie imprévu, à la fois merveilleux et inquiétant.
La pandémie n’a pas pris ici la même ampleur qu’en France. Elle reste surtout concentrée sur la ville de Mexico. Il y a donc encore peu de mesures restrictives. Les rassemblements sont interdits, il n’y a eu ni messe ni procession pour la Semaine Sainte. Beaucoup de commerces sont fermés. Le confinement est recommandé mais n’a rien d’obligatoire. Beaucoup de Mexicains se sont toutefois imposé un auto-confinement avant la recommandation des autorités et sont très stricts en matière d’hygiène : lavage de main, port du masque, gel hydroalcoolique, distanciation, gestes barrières…
Je dois bien sûr oublier toute idée de tourisme, les découvertes de sites archéologiques, les plages du Pacifique… Mais mes journées ne sont pas très contraignantes : je lis et j’écris. Je me rends deux fois par semaine dans les marchés, qui restent autorisés, car j’aime leur ambiance. Le plus dur, c’est pour Christian qui ne donne plus ses cours de danse… Heureusement, en tout petit comité familial, il reste le week-end quelques temps de partage.
Ma préoccupation principale est d’ordre matériel : mon activité de conseil est en sommeil, mes ressources très limitées. Je crains de ne pas pouvoir rentrer en France quand cela sera nécessaire pour mon travail. Pour le moment, les liaisons aériennes sont maintenues : toutefois, je vais sans doute planifier mon retour d’ici trois à quatre semaines. Après la pandémie ? Je verrai des amis, de la famille, retournerai à des spectacles et dans ses lieux que j’aime en France, mais aussi dans le monde, donc à Oaxaca qui est une ville d’ordinaire si vivante, où la musique est partout et où les fêtes sont si allègres. Oaxaca, dans la fête et dans le confinement, dans les heures joyeuses et dans les heures inquiètes, est devenue ma deuxième patrie.
Il ne faut pas oublier la difficulté matérielle dans laquelle cette pandémie plonge des familles entières qui dépendent de revenus de chaque jour. Pas de système social à l’européenne ici. La moitié de l’économie est informelle. Et le tourisme est une ressource vitale. Je rendrai à la terre de Oaxaca ce qu’elle m’a donné et j’ai fait la promesse de lui consacrer un livre. »
Sony, Indonésie : « J’ai peur que nos vies ne soient plus jamais pareilles »
Population : 267.700.000 habitants
Bilan au 14 avril : 4.839 malades, 459 décès

« Je suis à Jakarta, en Indonésie. Je vis dans un appartement avec ma famille. Le confinement a débuté fin février. On entame notre septième semaine. Et ce n’est pas fini : l’état d’urgence doit se poursuivre jusqu’à fin mai.
Heureusement, je suis en télétravail, alors pendant la journée je suis occupé. En dehors des horaires de bureau, je fais de l’exercice, je joue en ligne, je lis les journaux, je regarde la télé… Et évidemment je discute avec mes amis ! Ce qui me manque le plus, c’est d’aller à la salle de sport. C’est sûrement la première chose que je ferai quand on pourra enfin sortir (rires) !
Mais ce futur déconfinement m’inquiète aussi. J’ai peur qu’après cette pandémie nos vies ne soient plus jamais les mêmes, que les gens restent à distance les uns des autres, qu’ils se replient sur eux-mêmes et deviennent plus égoïstes. Espérons plutôt que les choses changent, mais en mieux. On pourrait aussi, enfin, décider de prendre soin de l’environnement et devenir plus hygiénistes pour éviter qu’une telle crise ne se reproduise. »
Merci de ce retour d’infos des 4 coins du monde. Espérons qu’on prendra TOUS conscience qu’il faut prendre plus soin de notre planète et de ses habitants 🌏🌍💕
Merci, il nous manque votre journal de confinement de retour à Paris. Comment le vivez vous ?
Il n’y a pas forcément de quoi tenir un journal… 🙂 Nous sommes sagement confinés dans un appartement parisien en attendant que la situation revienne à la normale. On passe nos journées à écrire, animer ce blog, lire et faire un peu de sport pour ne pas reprendre nos kg perdus en voyage 😀 On espère que tout se passe bien pour toi !
Merci 🙏👍
MERCI de ces recits d experience confinement. Ils demontrent que quelque soit le pays, le continent, ressortent les memes preoccupations: penser a soi a ses proches. Communiquer via les reseaux sociaux lire, cuisiner, se poser, reflechir,
L essenciel de l existenciel…….. Comment repartirons nous de cet episode……
👌